Côte d’Ivoire
23.07.10

CRISE AU PDCI

Banny veut passer en force

Au moment où tout le peuple ivoirien attend avec impatience la date de la tenue du premier tour de l’élection présidentielle, le Parti Démocratique de Côte d’ivoire (PDCI) a choisi de détourner l’attention de tout le monde en lavant son linge sale sur la place publique comme le fait le FPI avec l’affaire dite Tagro. Pourquoi Charles Konan Banny choisit-il le moment actuel pour attaquer de front Henri Konan Bédié pourtant candidat du parti à l’hypothétique élection présidentielle. Ce que nous qualifierons de ``jeu Banny``  répond á une double motivation. Primo, se positionner comme le successeur politique d’Henri Konan Bédié. Secundo, se présenter aux yeux de la France qu’il demeure toujours une alternative crédible pour la sortie de crise. En effet,   ce n’est pas la première fois que Charles Konan Banny fait preuve de ses ambitions pour contrôler le PDCI afin de jouer les premiers rôles dans un pays en déliquescence. Rappel : Baoulé, natif de Yamoussoukro, donc de la même tribu que Félix Houphouët-Boigny, Charles Konan Banny, connu pour être le précédent gouverneur de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) ayant en commun le Franc FCFA, avait dès 2002 commencer à jouer l’après Bédié alors que ce dernier passait un exil solitaire et stressant dans la capitale française. Pour réussir son coup, il cautionne la création de groupes de soutien et même crée un journal ``L’Évènement``. Les membres dirigeants de ce groupe de soutien, tous issus du bureau politique du PDCI, ont été radiés par ce parti. N’ayant pas imaginé que le Sphinx de Daoukro rentrerait au pays, il sursoie à ses ambitions et accepte sur impulsion de la France d’être le premier ministre de gouvernement ivoirien en 2005. Sa gestion instinctive et impulsive des affaires le conduira à sa perte dans la gestion de l’affaire des déchets toxiques. Il sera demis de ses fonctions de premier ministre et remplacé par Soro Guillaume qui le trouvait également trop encombrant et ambitieux. Retiré dans son village à Yamoussoukro, Banny digère  mal son humiliation. Il joue la carte de la réconciliation avec Bédié et réintègre le PDCI en grandes pompes. La paix de braves signée, il se retire chez lui á Yamoussoukro, où il reçoit beaucoup de visites. Mais pressé de jouer sa carrière politique, il choisit dès à présent de mener enfin á visage découvert la bataille pour le contrôle du PDCI.  Bref ! Charles Konan Banny sait mieux que quiconque que Bédié gagné par l’âge, 76 ans et fragilisé par des problèmes de santé ne peut plus tenir le PDCI ni tenir les rênes du pouvoir d’Etat s’il remportait l’hypothétique élection présidentielle. Désormais, il est vu par tous les militants du PDCI comme le potentiel adversaire interne de Bédié capable de lui succéder. Ce jeu consiste simplement à couper l’herbe sous le pied de certains prétendants comme Emile Constant Bombet, Ama Téhua qui jouissent toujours d’une belle côte de sympathie au sein du parti. Banny se projette ainsi dans la perspective de l’après Bedié. Son combat actuel ne répond qu’à ce calcul. Un positionnement en force qui ne dit pas son nom. Aussi faut-il indiquer qu’au plan financier, les adversaires internes de Banny se comptent sur le bout des doigts. Dans le starting-block, l’ancien gouverneur de la BCEAO est positionné bien que sa tentative de tenir un congrès pour spéculer sur la candidature de Bédié reste utopique.

Kouakou Yao     

Berlin