Côte d’Ivoire

PDCI – GUERRE OUVERTE ENTRE BANNY ET BEDIE

Les dessous d’une guerre fratricide

Les deux s’appellent Konan. Dans la tradition baoulé, ils sont tous deux nés un mercredi. L’un, Konan Bédié, Agba de Daoukro fut le préféré de Félix Houphouët-Boigny pour lui succéder. L’autre, Konan Banny, Akouè de Yamoussoukro est le benjamin de Jean Konan Banny, longtemps un des hommes de confiance de Félix Houphouët-Boigny. Si Bédié a une très longue expérience des affaires de l’Etat, ce n’est pas le cas pour Banny qui fit son entrée officielle sur la scène en tant que premier ministre de la transition. La guerre déclenchée entre les deux Konan trouve sa source dans un accord secret conclu entre les deux. En effet, Banny a fait montre de ses intentions de diriger le PDCI depuis la chute de Bédié en décembre 1999. Il n’a pas eu le courage politique de quitter ses fonctions de gouverneur de la BCEAO pour se jeter dans la bataille politique face à la junte au pouvoir. L’arrivée au pouvoir de Laurent Gbagbo met en demeure ses ambitions jusqu’á ce qu’éclate la rébellion ivoirienne. Son nom se trouve sur tous les calepins des représentations européennes, il est vu comme l’homme de la situation. Hors cameras le gouverneur de la BCEAO mène un combat contre Laurent Gbagbo qui souhaitait avoir de la liquidité pour acheter des armes mais le Konan de Yamoussoukro fait les sourdes oreilles.  Gbagbo le classe dans le camp de ses ennemis. Le gouverneur de la BCEAO n’a en cure car il a le soutien de Paris qui reste nostalgique d’Houphouët et dont la vision trop tribaliste de la politique  en Afrique, voyait en ce Baoulé de Yamoussoukro, le retour du Vieux. N’ayant jamais été un militant actif du PDCI, Banny prépare l’opinion du parti á l’accepter. Il recrute, forme un groupe de soutien et un quotidien. Mais entre temps Bédié rentre au pays. Il s’empresse de rencontrer Banny et de lui faire comprendre que ses activités souterraines risquent de fragiliser le parti au profit de Laurent Gbagbo. Une réunion confidentielle, selon des sources proche de la chefferie de Yamoussoukro, a lieu dans la capitale politique en présence de sages. Bédié aurait fait comprendre á la petite assemblée que les velléités pourraient porter atteinte à l’unité du PDCI qui vient de voir partir ses militants de l’ouest au profit de feu Robert Guéi. Banny n’aurait pas fait de mystère sur ses ambitions pour le PDCI. Un accord aurait été conclu séance tenante. Bédié aurait renoncé à être le candidat du parti á l’élection présidentielle mais en restera le président pour garantir son unité. Avec son onction, Bédié aurait accepté et promis que Banny soit le candidat du PDCI à la prochaine élection présidentielle. L’accord eu la bénédiction des sages. Dès lors chaque acteur devrait jouer sa partition. Banny manœuvre et il est enfin imposé à Gbagbo comme premier ministre en remplacement de Seydou Diarra. En plus de son inexpérience en politique, il sera constamment entravé par Laurent Gbagbo qui règle ses vieux comptes. Bédié ne lui volera guère au secours dans ses combats contre Soro  Guillaume et Gbagbo. Et c’est á juste titre que Bédié riait sous cape lorsqu’il est débarqué de ses fonctions de chef du gouvernement. Banny est K.O. Il se retire à Yamoussoukro. Beaucoup lui prédisent la fin de sa jeune carrière politique. Bédié profite de ce moment pour se porter candidat du parti malgré son âge. L’accord est ainsi rompu. Banny ne veut pas pardonner cette trahison quoiqu’il arrive au PDCI.  La presse annonce dans la foulée la création de son parti. La paix est une fois de plus scellée sous le projecteur des cameras á la maison du PDCI á Cocody. Banny annonce qu’il demeure toujours PDCI et qu’il ne compte pas le quitter. Mais au fur et á mesure que la date de la présidentielle devient incertaine et que Bédié perd de sa lucidité à mener le combat d’un parti de l’opposition on observe une montée de l’adrénaline du côté du Konan de Yamoussoukro. Autant dire que la guerre des Konan aura lieu.

K .YAO

Berlin