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Culture Sams K Lejah, animateur radio au Burkina, artiste chanteur « Ils ne vont pas commettre l’erreur de m’assassiner comme Norbert Zongo »
C’est une histoire qui a commencé quand j’étais en deuxième année d’université, sur une radio du nom de Radio Energie. J’avais été invité, juste pour parler de Bob Marley, par mon grand frère Jah Presse. C’est donc par lui que toute cette histoire a commencé. Et, il y avait une tranche de reggae où il n’y avait pas d’animateur. Vu toutes les connaissances que j’avais sur le reggae et sur Bob Marley, ils m’ont confié l’émission. C’est vrai qu’au début j’ai hésité. Parce que je suis un peu trop critique. Mais, des amis m’ont dit : vas y, tu n’as rien à perdre. C’est une histoire qui a donc démarré en juin 95 sur cette radio qui a malheureusement fermé en 99 après le décès du PDG. Après, Ouaga FM a ouvert en 99. Voilà, l’aventure a continué jusqu’aujourd’hui. Bien que Ouaga FM émette seulement au Burkina Faso, neuf ans après, le message de Sams K Lejah va au delà des frontières du Burkina. L’émission qui est appréciée des auditeurs est enregistrée et même vendue dans la sous région. C’est la preuve que le travail est bien fait… Je dirai donc gloire au Seigneur. C’est lui qui fait tout travail. Je fais un travail pour être d’abord en harmonie avec moi même. Chaque vendredi je jeûne pour faire mon émission. Parce que le micro, pour moi, est quelque chose de très important. Comme l’a dit sa Majesté Impériale Haïlé Sélassié : « ce que la vie m’a enseigné, je voudrais le partager aussi avec d’autres personnes ». Il se trouve que la jeunesse africaine, dans sa majorité, vit les mêmes difficultés et a les mêmes aspirations. C’est ce que j’essaie de transmettre à travers cette émission. Donc, je pense que la jeunesse africaine a besoin de savoir. Quel est son mal ? Qu’est ce qu’il faut pour guérir ce mal ? Aujourd’hui, c’est le chômage, le désespoir en général. On a l’impression que notre avenir se trouve derrière nous. Alors je reprends des phrases de Bob Marley qui te dises « Keep moving, don’t give up de fight » ; il faut continuer, il ne faut pas baisser les bras, rester lucide. Parce que la tendance aujourd’hui, c’est d’anesthésier la conscience des jeunes. Alors, je dis, je n’ai pas le droit de tomber dans les mêmes erreurs. Comme le disais quelqu’un être dans le vent c’est avoir la destiné d’une feuille morte. Ce qui veut dire que, quand tu ne peux avoir confiance en toi même pour prendre des décisions et des orientations, c’est difficile pour toi. Je suis quelque part content de savoir que c’est une émission qui, aujourd’hui, a dépassé les frontières du Burkina. Ouaga FM couvre seulement Ouagadougou et Bobodioulasso. Je suis content que le message arrive jusque là. Que ce soit au Togo, au Bénin, en Guinée, même le Ghana qui est un pays anglophone, le message y passe. Pour moi, ce n’est pas une satisfaction, c’est dire que j’ai encore plus de charges sur les épaules parce que les gens attendent maintenant plus de moi.
A côté de l’animation il se dégage un engagement pour le Sankarisme. Récemment pendant que vous animiez, votre véhicule a été incendié. Pouvez-vous nous dire le contexte dans lesquels cet incident a pu arriver ? C’est un souvenir qu’on ne peut effacer bien qu’on ait envie de l’oublier. Le 18 avril 2007, j’ai reçu une menace de mort dans ma boîte internet me disant que « on a tué Sankara, il n’y a rien eu. On a abattu Norbert Zongo, il n’y a rien eu et que mon tour était pour bientôt ». Vu qu’on était en avril, j’ai pensé à une plaisanterie de quelqu’un, un poisson d’avril. Une semaine après, une deuxième lettre m’est parvenue. Le premier jour où j’ai reçu la menace de mort, on m’a volé mon téléphone portable qui était en charge dans mon bureau. Dans la deuxième lettre, il est ressorti qu’ils ont fait volé mon portable (Ndlr, téléphone) par des gens qui sont proches de moi pour me prouver qu’ils me suivent de près. Un ami à la brigade de recherche m’a dit de porter plainte contre X pour qu’on puisse ouvrir un enquête. Ça été fait. Des journaux proches du pouvoir ont dit que j’a inventé ces histoires – parce que j’étais sur le point d’aller en Suisse – pour avoir un asile politique. J’ai eu très mal parce que la personne qui a signé (Ndlr, l’article de presse) l’a fait sous un faux nom. Jusqu’aujourd’hui, j’aimerais rencontrer ce journaliste juste pour lui dire : c’est bien de chercher à connaître les gens avant d’écrire des torchons sur eux. Ce n’était pas la première fois que je partais en Europe et ce ne sera pas la dernière fois. Parce que je n’ai pas un casier judiciaire sale. Donc, dès que je veux bouger, je peux bouger. Dans la première lettre, on demandait d’arrêter de critiquer le président au pouvoir (Ndlr, Blaise Compaoré). Dans le même temps, on disait qu’est ce que celui-là peut faire au régime, c’est un simple animateur, il n’est pas mieux que les opposants. Je dis que je ne suis pas là pour déranger un régime. Je suis là pour juste dire aux gens « réveillez-vous, parce que vous dormez trop. Il y a trop de choses négatives qui se passent et on risque d’être dans des situations qu’on ne vas pas contrôler ». On se rend compte que, même des gens du système sont d’accord avec le message que je prêche dans mes émissions. Ce message commence à dépasser les frontières du pays. Alors on se rend compte que ça peut être dangereux. Alors, à la deuxième, troisième lettre de menace, la police ne se bouge pas parce qu’on dit que c’est un plaisantin. Ça doit être un farfelu. On suspend les émissions par mesure de prudence. Le 31 mai, je vais en Suisse ou je reste un mois et demi. Je vais aux Etats Unis et reviens deux mois après, en août, au pays. Je reprend mes émissions. Et quelque semaines après, le 28 septembre, pendant que j’étais en émission un vendredi soir, on vient mettre du feu à ma voiture. Ceux-là qui au début avait dit que c’était de la plaisanterie ont commencé à prendre l’affaire au sérieux. Rapidement la police s’est mobilisée pour mener des enquêtes. Il y a eu la police scientifique qui est venu faire des prélèvements sur la voiture. Mais depuis le 28 septembre jusqu’au jour où je vous parle (Ndlr, 12 juillet 2008) aucun rapport n’a été fourni. Les choses se sont-elles limitées à ce niveau ? Après, c’est un dossier qui est confié à un juge d’instruction. On met la main sur un jeune qui avait écris un article dans un journal pour comparer mon émission à « Radio mille collines » du Rwanda parce « j’intoxiquais la jeunesse et que j’incitais à la révolte les jeunes ». Je dis, je suis désolé ! Des gens lui ont même écrit pour dire la liberté d’expression certes, il faut faire attention et éviter de dire des choses même quand tu veux des bons d’essences. Tout le monde écoute l’émission de Sams K Lejah. Comparer mon émission à « Radio mille collines », c’est un danger. A cause de son écrit, il est aujourd’hui à la maison d’arrêt et de correction sans jugement. Je dis, même si c’est lui, il faut qu’il soit jugé car on ne peut le prendre et le foutre dans une prison où il est sans jugement depuis début octobre (Ndlr, 2007) jusqu’à aujourd’hui. Croyez-vous cependant à la justice Burkinabé parce que comme le dit la lettre de menace Norbert est mort il n’y a rien eu… Vous savez, de nature je n’attends rien de personne. Il n’y a pas longtemps le juge d’instruction m’appelé. Il a adressé une requête au niveau de Lonatel, société qui gère la téléphonie au Burkina. Des experts en informatique ont dit qu’il y a ce qu’on appelle la traçabilité des messages qui permet de savoir à partir de quel ordinateur un message a été envoyé. Mais, jusqu’aujourd’hui, cela n’a jamais été fait. Au début, on nous a fait tourner en rond pour dire qu’ils attendent des logiciels, ceci et cela. Une association de protection des journalistes aux Etats-Unis a écrit à Yahoo France pour leur demander de donner des informations sur l’origine de ces mails (Ndlr, courrier électronique). Ils ont dit qu’ils ne pouvaient pas et qu’il fallait qu’une autorité judiciaire du Burkina leur fasse la demande expresse. Je l’ai expliqué à la police, au juge d’instruction mais, jusqu’aujourd’hui, rien n’a pas été fait. Après je commence à avoir, moi aussi, des doutes. Au début on peut dire que c’est un farfelu. Si c’est un farfelu, permettez à l’enquête de se faire (il s’énerve un tout petit peu). Quel est aujourd’hui votre état d’esprit ?Tout ce que je sais aujourd’hui, je dois faire attention à où je vais, où je mange, où je bois et je dois faire attention à qui je fréquente. Ça fait que quelqu’un que je ne connais pas et qui veut être mon ami, ce n’est plus possible parce que je ne connais pas ses intentions. Souvent, je n’ai pas envie de tomber dans la paranoïa mais, après on t’oblige à ça. Même quand tu veux aller manger, tu envoies quelqu’un commander avant d’aller t’asseoir pour manger. Parce que, tu te dis les gens peuvent tout faire, payer un cuisinier pour t’empoisonner. Et sais qu’aujourd’hui, l’erreur, ils ne vont pas la commettre de m’assassiner comme ça été fait avec Norbert Zongo. Mais je suis conscient que tout peut arriver. Ça ne me fait pas reculer. Bien au contraire, ça me réconforte dans ma façon de voir les choses. Et je me dis que, comme l’a dit quelqu’un, la main du bourreau finie toujours par pourrir. Et, j’ai confiance. Il y a aussi que vous avez gardé de bons rapports avec le père du défunt président Sankara. Ceux qui vous en veulent penseraient-ils que le "Vieux" aurait fait des confidences gênantes pour eux? Il m'est difficile d'entrer dans l'esprit de gens en face pour savoir ce qu'ils pensent. Je sais juste que Sankara incarnait des valeurs morales et humaines, ce qui l'empêchait de voler l'argent de son peuple pour s'enrichir, comme d'autres le font aujourd'hui. Et le « vieux » a été profondément touché quand on a voulu accuser son fils de vol, après son assassinat. De toutes les façon, l'histoire nous démontre aujourd'hui qui sont les vrais voleurs. Quoiqu’il puisse arriver, vous comptez rester au Burkina ?Je n’ai pas encore mis dans ma tête de quitter mon pays. Non. C’est vrai qu’il y a eu plusieurs propositions pour que je parte mais, je me sens plus en sécurité au Burkina. C’est paradoxal mais, j’y suis plus tranquille parce que c’est un terrain que je connais bien. Je préfère rester au pays parce que Sankara pouvait fuir. Il ne l’a pas fait. Norbert Zongo pouvait partir, il ne l’a pas fait. Je ne veux pas me comparer à ces gens parce que ce sont de grands esprits. J’essaie d’être en harmonie avec moi et j’essaie de perpétuer leur combat à travers ma musique, à travers mon émission. Vous êtes donc convaincu que des gens sont à vos trousses partout où vous mettez les pieds. Serait-ce des gens du président qui vous défendent d’attaquer le président ? C’est une évidence que des gens me suivent. Mais de qui, je ne sais pas. Je ne suis pas un politicien. Je suis juste un artiste, un peintre de la société dans laquelle je suis. J’essaie de faire ma peinture à travers ma musique et mes discours. Les gens peuvent faire ce qu’ils veulent. Ma religion, c’est la justice, la vérité, être en harmonie avec moi même. C’est difficile, c’est vrai (il marque un moment) mais, si j’arrête je ne si je pourrai me regarder moi même. On va te dire, c’est suicidaire, c’est imbécile mais il y a des choses qu’il faut comprendre. Même moi je ne peux vous l’expliquer. Quand je dis qu’à un certains moments je suis convaincu que des gens me suivent, parce que le 21 juin, à la fête de la musique, après mon concert c’était une tambouille. Je suis alors convoqué à l’état major de la gendarmerie parce que j’ai dis que je soutenais les étudiants. Et on est allé leur dire (Ndlr, l’état major de la gendarmerie) que j’ai invité les étudiants à aller en grève. Je dis, soyons un peu intelligent. Sams K Lejah n’est pas étudiant. Je ne suis leader d’aucune association estudiantine encore moins d’un syndicat estudiantin. Comment ma voix pourrait inciter des étudiants à aller en grève. C’est pas possible. Ce n’est pas mon rôle. Que leur avez-vous donc dit ?J’ai donc dis que je soutenais les étudiants dans leur revendications qui d’ailleurs sont reconnues comme étant légitime. C’est la première fois que je vois dans un pays que des étudiants vont à l’université avec des tabourets. Je dis c’est une honte. Qu’est ce qui vous révolte ?Pendant qu’on n’a pas l’argent pour construire des amphithéâtres pour les étudiants, on a de l’argent pour construire des échangeurs. Et un seul échangeurs vaut 11 milliards. Combien de millions faut-il pour construire un amphi ? Entre l’éducation pour l’avenir d’une nation et la construction d’échangeurs, encore qu’on est dans un pays (Ndlr, le Burkina) qui est plat, il faut fabriquer des collines pour faire des échangeurs. Après, on se demande si le développement est fait pour les hommes où si ce sont les hommes qui sont faits pour le développement. La finalité, je pense que c’est l’être humain. Le plus important ce n’est pas pour moi. Seriez vous devenu le porte voix de la jeunesse burkinabé ?Porte voix. C’est ce qu’on dit. J’ai la possibilité peut être de dire ce que la jeunesse voudrait dire sans violence. Je le dis à travers ma musique, à travers mon message. 80% des jeunes adhèrent. Je ne suis pas là pour me faire des amis. Il y a aussi ceux-là qui ne sont pas d’accord avec ce que je dis. Nul n’a le monopole de la vérité. Mais, j’essaie de faire la peinture de ce que je vois, de ce que je vis. A vous entendre, le projet de construction d’échangeurs est une fausse affaire. Quel est l’état des lieux depuis les travaux en quatre ans de pouvoirs de Sankara et les changements opérés sous Blaise Compaoré ? Les gens sont d’accord que ce que Sankara a fait en quatre ans, ceux-là qui l’ont remplacé n’ont pu le faire en vingt ans. Il avait un projet de société clair. Et même ceux-là qui combattaient Thomas Sankara, il y en a, aujourd’hui, qui le regrettent. Parce qu’il était arrivé à lutter contre la corruption, les trafics d’influence qui sont des choses dangereuses pour le développement d’une société. Aujourd’hui, ne me dites pas que le développement, ce sont les étages, les grandes routes. Pendant ce temps, à la pédiatrie, il n’y a pas de places, de lits pour, les bébés, les enfants. Les médecins, les infirmiers ne sont pas bien traités. Les fonctionnaires sont mal payés. Et de plus en plus de jeunes sont au chômage. Rien n’est fait. Est-ce cela le développement ? De temps en temps on organise des rencontres avec 5000 jeunes pour leur promettre de l’emploi mais au finish, rien. On dit aux gens d’ouvrir des instituts, des écoles supérieurs et on ne cherche pas à savoir ces établissements auront des diplômes qui serons reconnus par le CAMES. Donc, on laisse les gens à eux-mêmes. L’insécurité aujourd’hui est devenu galopante, la prostitution…c’est à dire qu’il n’y a rien de concret en matière de projet de société pour le Bukina Faso. C’est vrai, il y a des efforts qui ont été faits. Je dis, je ne suis négativiste. Je suis optimiste. Voilà pourquoi je me bats. Je crois qu’on peut arriver à mieux. Thomas Sankara avait anticipé sur la vie chère. On ne l’a pas écouté. Aujourd’hui en 2008, partout en Afrique, c’est des crises alimentaires. Pourtant, nous sommes des pays immensément riches par la nature. On peut produire pour consommer. On ne le fais pas, on préfère importer du riz de la Thaïlande même si ce riz est mauvais pour la consommation. Il y a tout en Afrique pour qu’on soit indépendant. On préfère aller au super marché pour acheter des boîtes de conserves avec des conservations douteuses. On mange, on s’empoisonne mais, on veut ressembler à l’occident. Il des moments quand tu suis quelqu’un, si tu es intelligent il une distance entre toi et lui. Quand il arrive et tombe dans un trou, tu as le temps de réfléchir pour reculer. Mais, en Afrique, on est très aveugle. L’occident a montré aujourd’hui ses limites. Et même eux ont commencé à contester, à protester. Nous en Afrique, on continue de vouloir les copier. Vous avez des prises de position qui font que même votre dernière œuvre musicale « Une bougie pour Sankara » a du mal à être distribué au Burkina. Seriez-vous devenu dangereux au yeux de certaines personnes ? Je préfère être une solution que d’être un danger. ( Il rit) Dangereux, non. Je ne suis pas la drogue. Celui là que mon message dérange est celui là qui a des choses à se reprocher. C’est vrai, même le clip auquel on n’a rien à reprocher professionnellement, a été fait par un professionnel. A la télévision nationale, un journaliste m’a dis « tu sais bien qu’on ne peut pas le diffuser ici ». J’ai dis « je vous remet le clip, si j’attend trois mois et que le clip n’est pas diffusé, je prend un avocat contre vous ». Parce que je suis un citoyen de ce pays, je paie les taxes télé, je suis un artiste comme tout autre. Il n’y a pas de raison qu’on refuse de diffuser mon clip qui n’est pas pornographique, ni un truc de guerre où il y a de la violence. Dans « Rasta au pays des merveilles », je dépeints juste la situation dans laquelle on vit. Je suis un rastaman au pays des merveilles, ça vole, ça détourne, ça tue mais tout baigne. On construit des routes, des ponts, des écoles qui font deux mois et dégringolent et le président trouve que c’est normal parce que la comparaison qu’il fait est que même aux Etats Unis il y a des ponts qui tombent. Je dis, aux Etats Unis le pont a fait cent ans avant de tomber. Chez nous, le pont on l’a construit et la première pluie qui est venue est partie avec le pont. Et il veut (Ndlr, le président) justifier le travail des entrepreneurs qui ont fait ce pont. Mais, ça veut dire quoi ? Ça encourage les gens à la médiocrité. Or, en Afrique aujourd’hui – Sankara l’avait dit, il faut aller chercher l’intelligence, le savoir pour venir construire chez nous. Ce qui n’est pas le cas – le président est mouillé, le ministre des infrastructures est mouillé. Tous les gens sont mouillés parce que tous veulent faire du profit. On construit une route Ouaga-Bobo distante de 100 kilomètres de bitumes. Avant de revenir voir si le bitume est là, il est déjà parti. Les travaux étaient gérés par une entreprise française. Mais, on ne peut les poursuivre parce qu’il y a la françafrique derrière. Le drame c’est qu’il y a des gens qui sont cités dans l’assassinat de Thomas Sankara vont se faire décorer par la France où ils sont fait légion d’honneur. A qui faites-vous allusion ?Je ne citerai pas de noms parce que jusque là les gens n’ont pas encore eu les c… nécessaires, en tant que militaires pour dire que « c’est moi qui ai tué Sankara ». On sait tous ceux qui étaient impliqués dans son assassinat et qui se font décorer par le régime en France. Quand vous avez suivi « Sankara l’homme intègre » (Ndlr, documentaire Robbin Schuffield), Thomas Sankara l’a dit à François Motterand par rapport à la visite de Peter Botta : « Ceux-là qui ont permis à ce sanguinaire de souiller la France si belle… ». Ça se voit qu’aujourd’hui ce sont les mêmes qui décorent les fossoyeurs de l’Afrique, les assassins de l’Afrique. Mon intention est de contribuer à l’éveil des consciences de la jeunesse, de leur dire qu’il faut avoir peur d’avoir peur. C’est parce qu’on a peur qu’on continue de foutre l’Afrique dans la merde. Aujourd’hui, quand tu arrives à Abidjan et tu vois toute la richesse que la nature a donné à la Côte d’Ivoire – je suis né ici, j’y ai grandi – on augmente le prix du riz, même le prix du piment augmenté, c’est la galère. Où allons nous ? La Côte d'ivoire est un pays bénit de Jah et il faut que ses fils le sachent. La pauvreté est grandissante et l'avenir semble s'obscurcir pour la jeunesse africaine. Devrait-on dire qu’il y a une volonté coupable des dirigeants africains à regarder les choses se dégrader? Vous savez, c'est à la jeunesse de savoir qu'elle est seule responsable de ce qui lui arrive. Si nous avons des dirigeants à la limite indifférents face à nos pleurs et complaintes, c'est parce que nous avons une population désorganisées et hantée par la peur de mourir pour la cause noble, personne ne veut faire le sacrifice pour la postérité, or rappelez-vous, quand vous suivez le cours de l'histoire des Noirs, il fallu que des gens se sacrifient pour que l'esclavage cesse. Si Barak Obama, un Black peut se présenter aujourd'hui aux élections américaines, c'est parce qu'il y a eu des combattants tels Malcolm X, Martin Luther King, Marcus Garvey et autres qui ont fait le sacrifice pour qu'on y arrive aujourd’hui. Alors s'il y a à condamner, c'est plutôt le peuple que nos dirigeant parce que, faut-il le répéter, les peuples ont les dirigeants qu'ils méritent. Vous êtes à Abidjan dans le cadre du Festival de films sur les droits humains et la liberté d’expression. Vous n’êtes plus le « farfelu » seul dans son coin à prôner le message « vérité et justice »… Yeah man, comme on le dit ici, c'est Dieu qui est fort. Si le bourreau sait que les combattants sont plusieurs, ils réfléchiront par deux fois avant de vouloir nous tuer; mais c'est quand on est divisé qu'ils peuvent nous taper. Le combat continue et n'oubliez pas que vous êtes les vrais guerriers. Le journaliste, c'est un vrai guerrier quand il choisit de lutter pour et avec son peuple. S'éloigner du journalisme alimentaire, c'est ça le vrai combat.
Réalisé par Koné
Saydoo
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