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Diaspora
Aka Yankey (ancien président de la communauté ivoirienne de Belgique)
"La communauté ivoirienne de Belgique n'aime pas la Côte d'Ivoire"

Ancien président de la communauté ivoirienne de Belgique et vivant dans la capitale européenne depuis plus de dix ans, M. Nestor Aka Yankey jette un regard panoramique sur la vie cette communauté et fait une analyse sur la difficulté de ses compatriotes à parler le même langage.

M. Aka Yankey, chez lui à Bruxelles

M. Aka Yankey, vous être un membre de la communauté ivoirienne de Belgique. Peut-on un peu savoir votre parcours ici en Belgique?

Aka: Je me nomme Aka Yankey né le 6 septembre 1964 à Abidjan. J'ai un niveau scolaire acceptable et j'ai une certaine fierté d'être ivoirien. Je suis arrivé en Belgique de façon officielle en 1996. Je ne vais entrer dans les péripéties. Je suis ici, chacun se débrouille pour s'occuper de sa petite famille. Et je pense que c'est l'essentiel. Ca fait plus de dix ans que je suis donc ici. J'ai eu à côtoyer toute la communauté ivoirienne. De la communauté ivoirienne du Benelux avec Gueu Tounan Bernard, Koré Lazare, moi-même, Augustin Tanoh à aujourd'hui la communauté ivoirienne de Belgique avec Jean Bagné.

Durant toutes ses années quelle image gardez-vous de la communauté ivoirienne?

A.Y:Je pense que la communauté gagnerait à se serrer les coudes. Parmi toutes les communautés présentes sur le sol belge, celle de la Côte d'Ivoire est ą la traîne. Il ne s'agit pas d'avoir des réactions spontanées lorsqu'il y a des décès ou mariages, il s'agit de s'organiser de manière efficiente pour venir en aide à ceux tous ceux pourraient éprouver à un moment donné de leur parcours ici des difficultés. Qu'il s'agisse des nouveaux venus ou des anciens. Mais, je me rends bien compte qu'après quinze ans nous baignons dans les mêmes petitesses.

Des problèmes de personnes à n'en pas finir.
Pourtant vous avez été président de cette communauté

A.Y:J'ai eu la chance de diriger cette communauté effectivement. Sous mon règne, nous nous sommes fixés l'objectif de mettre quelque chose de durable sur pied pour éviter à la communauté de vivre à vau-l’eau. De bien se sentir, de former une parfaite osmose. On a même pensé ą mettre sur pied une assurance pour permettre aux gens qui n'avaient pas assez de moyens ou encore de papier de pouvoir bien se soigner en cas de maladie. Malheureusement, nous avons confié la tâche ą quelqu'un qui était très occupé. Je suis bien heureux que le nouveau président, Jean Bagné remette le dossier sur la table. Je pense qu'avec la bénédiction de tous, il va l'essayer pour tous puisse bien se sentir.

En tant qu'ancien gérant de cette communauté. Comment expliquez-vous le retard pris par elle?

A.Y:Je vais être honnête avec vous. Aussi paradoxale que cela puisse paraître, cette communauté n'aime pas la Côte d'Ivoire. Je m'explique. Nous disons que nous appartenons ą un même ensemble mais nous ne aimons pas. C'est donc l'ensemble auquel nous appartenons que nous n'aimons pas. Aujourd'hui, j'entends des petites murmures autour de l'élection de Jean Bagné qui me désole. Moi, je suis parti de la tête de la communauté dans pratiquement les mêmes conditions qu'Augustin Tanoh. Mais, cela ne m'empêche nullement de donner ma bénédiction à Jean Bagné pour qu'il réussisse dans sa mission. Car, c'est ą nous tous que profitera sa réussite. Mais les esprits "sectaristes" qui plongé le pays dans la situation chaotique que nous connaissons aujourd'hui sont présents ici. On fait les choses par affinité régionale ou ethnique. C'est dangereux. Pourtant tout le monde devrait adhérer ą la communauté pour que la Côte d'Ivoire soit mieux vue à l'extérieur.

A cause des considérations que je vous ai énumérées, lorsqu'il y a une manifestation ivoirienne, on s'occupe d'abord de savoir la tête qui l'organise avant d'y être. Ce n'est pas ça le "communautarisme", je suis bien désolé. Pourtant avec la situation que traverse la Côte d'Ivoire aujourd'hui, la communauté devrait donner une autre image du pays en créant des plates-formes d'échanges culturelles pour rehausser l'image de notre mère patrie et permettre aux gens d'aller y investir. D'abord nous mêmes. Malheureusement, certains petits intérêts nous empêchent de voir plus loin que les bouts de nos nez. C'est bien dommage.

Côté professionnel, que retenir de M. Aka?

M.Aka et son fils sidi au canal à Anderlecht

A.Y: En Belgique ici, j'ai commencé comme tout le monde. J'ai d'abord travaillé comme contrôleur de qualité dans une entreprise de la place. Ensuite, j'ai eu un temps mort. Aujourd'hui, je suis fonctionnaire ą la poste. Ce qui me permet de me nourrir et de nourrir ma petite famille.

Côté lobby
J'aime bien tout ce qui touche à l'animation radio ou télé. Et ça, je le fais de temps à autre.

Votre appel ą la communauté
C'est un message de fraternité, d'union et de solidarité. Il est grand temps que nous mettions fin ą nos petites querelles pour voir plus loin. J'invite donc tout le monde à faire bloc derrière le nouveau président pour qu'il atteigne ses objectifs pour le bonheur de la communauté. Au cas échéant, ils pourront le juger au terme de son mandat.

Sidibé Lancina