Sollicitation de Wade

Gbagbo désavoue Blaise Compaoré

Le président sénégalais, Abdoulaye Wade, sur invitation de son homologue ivoirien, Laurent Koudou Gbagbo, a séjourné sur les bords de la lagune Ebrié. Une visite qui aurait pour but, selon le président ivoirien, de donner un coup d’accélérateur au processus de sortie de crise en Côte d’Ivoire. Un  processus qui connaît une panne sèche depuis la double dissolution de la commission électorale indépendante (Cei) et du gouvernement en février dernier. Double dissolution qui équivaut presqu’à la fin de l’accord politique de Ouaga considéré depuis 2007 comme la feuille de route de la sortie de crise en Côte d’Ivoire et initié par le président ivoirien lui-même. Même s’il évite d’utiliser le terme échec pour ne pas créer une crise diplomatique entre Blaise et lui, le président Laurent Gbagbo, en faisant un clin d’œil à son homologue sénégalais que ses partisans récusaient aux premières heures de la crise, montre bien qu’il est arrivé à la limite de l’acceptable avec l’Apo. Il faut passer à autre chose. « Donner un coup d’accélérateur à la sortie de crise qui peine à atteindre sa fin », indique-t-il. Une accélération non prévue par les accords de Ouaga et qu’on pourrait trouver à Dakar. Comme un singe, Gbagbo veut lâcher Blaise pour une autre branche. Et ce désir de roublardise au moment venu était perceptible depuis belle lurette. Car en réalité l’accord politique de Ouaga n’a jamais arrangé le camp présidentiel ivoirien. Tout comme aucun accord qui ne place le désarmement avant l’élection présidentielle. Là-dessus, la première dame, Simone Gbagbo, en visite en zones sous occupation rebelle pour sceller un semblant de réunification, avait prévenu qu’il n’y aurait pas d’élection sans désarmement. Côté forces nouvelles et même dans les salons du palais présidentiel à Ouagadougou, on l’avait prise pour une simple belliqueuse. Tout en oubliant qu’elle fait partie de la camarilla d’intrigants qui entourent et manipule à sa guise le président. Son discours tenu il y a deux ans environ est repris en cœur par les faucons et alliés du parti au pouvoir. Le président du front populaire ivoirien, Pascal Affi Nguessan, ne jurent aujourd’hui que par le désarmement avant les élections. Pire, il lie le bilan de Soro à la primature à sa capacité à désarmer ses amis en arme. « S’il ne peut pas désarmer ses hommes, qu’il démissionne de la primature », indique l’ancien premier ministre. Un ton assez corsé qui a le mérite de mettre en branle la compagnie Soro. Même si le premier ministre estime dans les colonnes de Jeune Afrique qu’il n’a signé aucun accord avec Affi mais plutôt avec Gbagbo, il reste conscient qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Et le feu est bien entretenu par la galaxie patriotique de Blé Goudé qui met également la pression sur son ancien ami et premier ministre en réclamant le désarmement avant les élections. Malgré les gymnastiques d’Affoussy Bamba qui rappelle que les accords de Ouaga n’allaient pas dans ce sens, les partisans de Koudou n’en ont cure. A la limite, ils semblent dire aux forces nouvelles et leurs alliés qu’ils s’en foutent des accords de Ouaga comme de leurs premières culottes. Des agissements qui préparent certainement les ivoiriens à la prochaine crise qui naîtra de la récusions pure et simple des accords de Ouaga. Dans cette optique, il faut prévoir celui qui prendra la relève de Blaise. Le Togo, la France, le Ghana, l’Afrique du sud, le Mali, tous sont passés à la trappe. Reste le président Abdoulaye Wade. Pourra-t-il sauver le navire ivoire après une première tentative qui a échoué ?

Sidibé Lancina